Le didgeridoo, instrument thérapeutique

Le didgeridoo, instrument thérapeutique

Article invité rédigé par Othello Ravez, musicothérapeute, sonothérapeute, musicien multri-instrumentiste et joueur passionné et passionnant de didgeridoo. Vous allez découvrir les particularités de cet instrument extra-ordinaire qui s’exprime par le souffle continu de l’homme et qui offre de nombreux bienfaits pour le bien-être.

 

Le Didgeridoo : du souffle infini, à la dimension thérapeutique.

Découvrons ensemble le didgeridoo, instrument de massage sonore, de voyage et de soin sonore, par sa vibration et ses applications thérapeutiques.

  1. Qu’est ce que le didgeridoo
  2. Le son thérapeutique du didgeridoo
  3. Le massage sonore au didgeridoo
  4. Othello Ravez : musique, vidéo et présentation

1 ) QU’EST CE QUE LE DIDGERIDOO ?

Le didgeridoo est tout d’abord l’instrument de musique, ancestrale, des Aborigènes d’Australie.

C’est une “trompette naturelle“ en bois provenant d’une branche ou bien d’un tronc d’arbre : l’eucalyptus. Ce dernier à la particularité d’être rongé, mangé de l’intérieur par les termites. Sa longueur varie de 100 à 180 cm, et son diamètre de 5 à 30 cm. L’embouchure est naturellement en bois ou fabriquée en cire d’abeille pour la ramener à un diamètre facilement jouable (autour de 30mm). Instrument de musique à vent de la famille des cuivres, son usage remonterait à l’âge de pierre (20000 ans).

Comment est-il fabriquée?

Les Aborigènes d’Australie sélectionnent avec minutie un arbre, bien creux, le coupe et fabrique un didgeridoo. Cette longue “trompette basse“ en bois avec une embouchure et une cloche, sera peinte avec les symboles associés à sa fonction pour être joué lors de cérémonies. Dans les régions où il est culturellement représenté, le didgeridoo accompagne le plus souvent le chant avec le jeu des claves et les danses. C’est un instrument traditionnellement réservé aux cérémonies et aux festivités.

Un nom occidental !

Didgeridoo, didjeridoo, didjeridu ou didjeridou, est un mot d’origine onomatopée inventé par les colons occidentaux à partir du son qu’ils percevaient de cet instrument. Selon la région, les clans et leurs dialectes, le didgeridoo est traditionnellement nommé comme yidaki, yiguiyigui, bambou, mago, et chaque clan à ses propres codes pour y joué. On parle ainsi du yolngu style, du magostyle etc…

 

Jouer du didgeridoo

Pour jouer du didgeridoo, le musicien fait vibrer ses lèvres comme pour un cor de chasse, comme pour un cor des Alpes. Le son de base est ce qu’on appelle le bourdon. Le bourdon est une basse produite par une vibration continue des lèvres. Pour créer des mélodies, il existe cinq sortes de variations à partir du bourdon : variation de la hauteur du bourdon, amplification des harmoniques, accentuations rythmiques, vocalises, cris et chants.

Histoire récente du didgeridoo

Depuis les années 90 on retrouve le dirgeridoo en Europe. En 1977, David Blanasi chef Aborigène, du sud de la région de l’Arnhemland, territoire du nord d’Australie, enregistrait un album live à Rennes avec son clan, son groupe les White Cockatoo. En 1992, Jamiroquai sortait son titre “didgin out“ l’un des premiers morceaux pop rock incluant du didgeridoo sur scène. L’effet fut incroyable. En 2002, naissait le 1er festival de didgeridoo en France : “Le rêve de l’Aborigène“. Festival toujours existant dans le département des Deux-Sèvres (79) réunissant la guimbarde, le chant diphonique, et le didgeridoo. Il est encore aujourd’hui le plus grand festival de didgeridoo au monde et l’un des plus qualitatif.

Depuis les années 90, cet instrument n’a cessé d’évoluer. On parle aujourd’hui de didgeridoo traditionnel et de didgeridoo contemporain. Un 10e des facteurs de didgeridoo se sont installés en France. Ils créent leurs gammes d’instruments à partir de poutres de bois, de bois flottés, etc. À l’instar des luthiers, les facteurs de didgeridoo ont su mettre en avant des instruments de qualité. Ils proposent aujourd’hui des didgeridoo avec différentes propriétés : timbre, clarté, équilibre harmoniques/basse, multi-drone, didgeridoo sandwich, didgeridoo à coulisse, bois et embouchures de qualité. Certains fabricants proposent même des didgeridoo en métal, en bambou, en cristal, en carbone.

Le son du didgeridoo

« Son continu » – « son de l’infini » – « souffle continu » – « respiration circulaire ». (La terminologie pour parler du son et du souffle n’est certes pas à bout de souffle…)

Le didgeridoo est connu et reconnu pour être l’instrument du son continu. Ainsi le joueur de didgeridoo doit acquérir la technique du souffle continu ou respiration circulaire. Cette technique consiste à faire vibrer encore et toujours ses lèvres lors de l’inspiration tout comme lors de l’expiration. Il s’agit pour le praticien, de maintenir une certaine pression dans la bouche, de créer une réserve d’air, grâce aux joues, aux lèvres, à la langue et tout le corps, et ainsi libérer celle-ci (indépendamment du système respiratoire : poumon et diaphragme) permettant de faire vibrer les lèvres en même temps que l’inspire et de renouveler cette expérience comme un cycle répétitif.

De tous les instruments de musique existant, le didgeridoo à cette particularité d’avoir un son original et unique. Son origine en fait un instrument à part entière. De l’arbre à la nature aux Aborigènes d’Australie, il se déploie dans le didgeridoo une dimension mystère, spirituelle, écologique, authentique, et sacrée. Et ceci se remarque également dans son son. “Qui ne sait pas retourné ou interrogé en découvrant le son du didgeridoo ? “Oh tu a entendu le chien ? demande un enfant à sa maman“, “tient voilà la grenouille, et l’éléphant maintenant !“ Une basse enveloppante, des harmoniques, des cris d’animaux, le souffle, le bourdon, des rythmes naturelles, des wawa comme des vagues, le tout dans un seul son, un seul souffle, une seule personne ? Un son qui ne paraît jamais s’arrêter.

2) LE SON THÉRAPEUTIQUE DU DIDGERIDOO

On classe le didgeridoo dans les instruments géophonique, biophonique (CF: Berni Krause: ingénieur acousticien). C’est à dire que le didgeridoo a le potentiel de reproduire les sons et silences de la nature : des éléments air / eau / bois / terre (vents rivières, vagues), aux animaux (oiseaux, lion, buffle, chien). Le didgeridoo a la capacité également de nous plonger dans des orchestrations de vaste paysages qui composent notre planète : jungle, montagne, désert, océan… Et ce même si vous n’y êtes jamais allé !

Le didgeridoo nous invite à prendre de la hauteur, à entrer en profondeur avec notre intérieur, et à nous connecter à notre source. LE SON DU DIDGERIDOO permet d’imaginer, de rêver, de traverser les espaces de la nature en volant, en nageant, en flottant, en contemplant… et ainsi lâcher le mental, lâcher prise, lâcher la prise de contrôle sur les gestions du quotidien. Le corps suit le relâchement cérébrale et se détend : ce qui répond aux principes fondamentaux de la sonothérapie.

Les souffles, les imitations de vents de vagues, caractérisent les bruits blancs, bienfaisant pour le corps et notamment pour le sommeil.

En 2013, une étude menée par l’Institut National du Sommeil et de la Vigilance (INSV) a démontré que le bruit est le principal élément perturbateur du sommeil. Mais paradoxalement, certains bruits peuvent vous aider à vous relaxer et à vous mettre en phase avec un état de repos. Ces bruits sont connus sous le nom de white noises, ou bruits blancs. Issu du domaine médical et démocratisé depuis plusieurs années, le bruit blanc est une tonalité sonore combinant toutes les fréquences émises simultanément. Il peut ainsi être comparé au bruit d’un ventilateur, d’un moteur d’avion ou encore d’une radio non syntonisée. Le bruit blanc permet ainsi de lutter contre les bruits parasites en masquant les sons indésirables comme la circulation, les voix ou les pas d’autrui. Joëlle Adrien, directrice de l’INSV affirme que les bruits blancs « couvrent les autres bruits, en particulier ceux émergents. Ils sont plus forts mais constants et facilitent l’endormissement ». 

Le bruit blanc possède ainsi des propriétés hypnotiques aidant à l’endormissement aussi bien chez l’adulte que chez le jeune enfant. Mais outre cette amélioration du sommeil, le bruit blanc a aussi un impact positif sur les fonctions cognitives telles que l’apprentissage. Une étude menée par l’université de Chicago a démontré une amélioration de la productivité de 47%. Le bruit blanc qui apparaît comme un bruit d’ambiance diminue le sentiment de solitude générateur de stress.

(simmons.fr/fr/blog/les-bienfaits-des-bruits-blancs)

Une autre étude sur les bruits blancs met en garde contre l’usage répété des bruits blancs générés non naturels ! 

Préférez donc grandement les BRUITS BLANCS NATURELS pour votre santé! Les bruits blancs des instruments acoustiques et de la nature n’ont que des effets bienfaisants… Voir l’article suivant https://desmusiquespourguerir.com/quel-bruit-blanc-pour-le-sommeil/ 

Le bourdon basse et les harmoniques se déployant dans le didgeridoo sont comparables aux chants des mantras pratiqués par les moines bouddhistes, mais aussi au chant diphonique pratiquer par les habitants de Mongolie et de Sibérie. Il se rapproche également du son envoûtant du monocorde.

Instrument de basse issue du corps d’un arbre, le didgeridoo est attaché à l’élément TERRE. Le didgeridoo offre une sensation de verticalité, par une meilleure tenue corporelle des pieds à la nuque, des racines terrestres aux racines célestes.

Couplé à la respiration circulaire, il se crée une dimension sonore répétitive évoluant sur des modulations régulières et cycliques des harmoniques, du volumes sonore. Cette dimension caractérise une particularité des sons binauraux.

« Les sons binauraux proviennent du fait que les oreilles droite et gauche reçoivent un ton de fréquence légèrement différent, mais le cerveau, pour sa part, les perçoit comme un ton unique, plus accéléré et plus agréable. Par exemple, entendre une fréquence de 120 Hertz (Hz) dans une oreille et 132 dans l’autre produira un battement binaural de 12 Hz. » (nospensees.fr/les-sonsbinauraux)

Notre cerveau et notre mental, sont en constante recherche de repères et calculent en permanence des données pour se rassurer.

Lors d’une relaxation sonore avec le didgeridoo, les éléments composant le timbre et le son du didgeridoo nous invitent à y être naturellement attentif. Mais face à la multiplicité d’informations caractérisant le son et aux morceaux du joueur de didgeridoo, le receveur abdique, lâche le contrôle de tout vouloir savoir et percevoir avec précision. D’autant plus si le joueur de didgeridoo joue en mouvement : le son rebondissant et tournant dans l’espace permet au receveur de ressentir un enveloppement et d’être touché par le son provenant de toutes les directions. Lacher prise et détente assurée !

3 ) LE MASSAGE SONORE AU DIDGERIDOO

Le didgeridoo fait parti des instruments de la sonothérapie. On l’utilise lors de concerts méditatifs ou de relaxations sonores mais aussi on le pratique lors des massages sonores au sol ou sur un caisson vibratoire. (Voir photo plus haut)

Si vous mettez votre main au bout d’un didgeridoo (lorsque celui-ci est joué), vous sentez les vibrations (comme lorsque vous rapprocher vos main d’un chauffage, vous y ressentez sa chaleur). La vibration du didgeridoo met en vibration le corps de votre main par les os, les muscles et les fluides qui la composent : c’est l’effet résonance. Ainsi imaginez-vous allongé au sol, le joueur de didgerdioo jouant proche de votre corps et de votre peau. Vous y ressentez une sensation de micro massages, par de micro bulles comme lorsque vous êtes dans un jacuzi et que les bulles d’airs se propagent le long de votre dos. Vos muscles se détendent. Cela crée du mouvement dans votre corps et refait circuler l’énergie. Vous percevez alors une sensation de relaxation profonde.

Cette sensation peut être augmentée et mieux répartie, allongé sur un caisson de bois recevant lui même les vibrations du didgeridoo. Le bois conducteur, transmet les vibrations du didgeridoo à votre corps en entier. Votre corps physique et vos corps éthériques vibrent et se déploient. Après la séance, non seulement vous retrouvez de la verticalité mais aussi tout un plan de votre espace sensitif aurique. (Cela évidemment à condition que le joueur joue avec douceur et technicité, car joué trop dynamiquement, et ou trop proche de la tête, et sans réelle pertinence du sens de la relaxation il peut se passer l’effet inverse, non relaxant, voir énervant).

Le thérapeute joueur de didgeridoo, avec souffles, vibrations, voix et cris, se fait du bien lui aussi ! Le joueur de didgeridoo par l’apprentissage de cet instrument, empreinte le chemin de la connaissance de soi. De la maîtrise des différentes techniques de souffles, de respirations, de placements, il renforcera sa capacité musculaire respiratoire. Il est d’ailleurs préconisé aux souffrants d’apnée du sommeil de jouer du didgeridoo. Cela diminuerait les gênes et les crises.

Le didgeridoo est un formidable instrument pour les musiciens qui aiment s’exprimer à travers les chants et les cris, se rapprochant un peu plus près de l’expression du sauvage, de l’intuition et de la nature, se reliant à l’ancienneté, à l’esprit ancestral archaïque, mystérieux et merveilleux du vivant sur Terre.

LE DIDGERIDOO : NOTES CONCLUANTES

À travers ses origines et ses particularités sonores, on comprend que le didgeridoo est unique. Il permet par sa singularité sonore d’être touché dans sa dimension sacré, sa dimension mystère, et ancestrale, là où les mots n’ont de sens.

Il offre à l’auditeur la possibilité de percevoir simultanément sa dimension élargie : perceptions intérieures et extérieures. Ne serait-ce pas ici la Vacuité ? C’est à travers ce potentiel que le didgeridoo rentre dans la dimension bienfaisante, relaxante et thérapeutique.

« Il s’agit pourtant tout simplement d’un tube » pourrait-on dire. Oui, mais, un tube, un tunnel par lequel le souffle passe, par lequel le son se crée, un tunnel symbole de passage.

Le joueur, sa singularité, son énergie, son intention, sa sensibilité sont aussi déterminants. Son expérience du souffle, sa technique instrumentale, sa posture, ses connaissances musicales, son lien au sacré et au mystère, sa capacité à se fondre dans sa vacuité colorent la musique et les vibrations dans l’invisible.

Un homme, un instrument, un souffle, une présence… et la magie du champ des ondes opère, créant du lien, de la résonance. C’est la porte d’un ressenti intense par de là l’émerveillement et la beauté du vivant.

Joueurs et auditeurs de didgeridoo, pensons toujours à être en lien avec la mémoire et l’histoire forte du didgeriddo et à remercier nos grands frères les Aborigènes d’Australie qui à chaque cérémonies répètent les rythmes et les codes à travers le didgeridoo traditionnel, le Yidaki. Ils rendent hommage et grâce continuellement à leurs ancêtres et aux esprits de la Nature.

Comme le dit un sage Kogabas de Colombie, « un peuple sans mémoire est un peuple mort ». Entendons par là, la mémoire du vivant, de la beauté, de la vibration divine et de l’intention pure. Cette mémoire qui vibre dans le son nous structure et nous élève.

En tant qu’occidentaux jouant d’un instrument d’une origine lointaine et ici aborigène, c’est de notre responsabilité de faire perdurer la connaissance, le savoir et la richesse des Aborigènes d’Australie et de leur exprimer notre respect, notre gratitude, pour leur accueil et leur transmission. A travers ce chemin, sont pardonnées les conséquences envahissantes des colons en Australie, et sont replacés les liens avec nos frères aux sagesses ancestrales. De là, naît une nouvelle vibration de reliance et d’harmonie ; écho du son du didgeridoo avec sa basse qui relie et ses harmoniques équilibrantes.

 

OTHELLO RAVEZ : MUSIQUE ET PRÉSENTATIONS

Solo thérapeutique

« En mémoire des Géants », 1er album d’Othello Ravez Trios

« Gearing », groupe Oloji

Découvrez l’univers d’Othello Ravez : http://www.othelloravez.com/

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