Le thérémine, instrument thérapeutique pour jouer dans l’invisible
Le thérémine, instrument thérapeutique pour jouer dans l’invisible
Il existe des instruments de musique insolites, en voici un qui donne l’impression d’être sorti d’un livre de Jules Verne ou d’un roman d’anticipation du début de l’ère industrielle, c’est le thérémine. Un instrument rétro-futuriste, qui possède tout les atouts d’un instrument thérapeutique. C’est le premier instrument électronique, né il y a près d’un siècle.
1 ) Qu’est ce que le thérémine ?
Cet instrument se compose d’un boîtier sur lequel sont fixés deux antennes. Le boitier contient un oscillateur (hétérodyne) à tubes électroniques qui produit un signal électrique. L’appareil produit deux signaux de fréquences élevés qui se combinent pour former un battement et donner un signal audible.
Les antennes servent à son utilisateur pour modifier les caractéristiques du son. L’une commande le volume et l’autre la hauteur de la note. Le musicien n’a aucun contact physique avec son instrument, il en joue en déplaçant ses mains pour les rapprocher de l’antenne, ce qui affecte la fréquence produite. Cet instrument demande d’être très détendu, droit et précis afin de pouvoir obtenir les notes voulues. D’autre part, il faut une bonne coordination et indépendance de ses membres afin de pouvoir jouer avec ses deux mains de manière dissociée.
Le thérémine est un instrument monodique, c’est à dire qu’il n’a qu’un seul timbre, comme une scie musicale.
-> Voici une présentation de Carolina, virtuose sensible et inspirée du thérémine. La finesse et la poésie nécessaire pour jouer de cet instrument sollicite notre côté féminin. Lors de mes recherches et écoutes, j’ai noté que plus de femmes sont virtuoses de cet instrument inspirant.
Carolina talks Theremin – Qu’est-ce qu’un thérémine
2 ) Léon Thérémine, l’inventeur
Cet instrument de musique a été inventé en 1920 par un physicien Russe du nom de Lev Sergueïevitch Termen connu sous le nom de Léon Theremin. Cette invention lui a valu de devenir ambassadeur de la nouvelle technologie soviétique et d’être envoyé partout dans le monde. Le thérémine obtint un brevet et fut commercialisé en Europe et aux Etats Unis où son inventeur s’installera avant de rentrer en Russie à la veille de la 2ème guerre mondiale. Il fut envoyé au goulag puis réhabilité après avoir concourut à de nombreux travaux de recherches pour les laboratoires scientifiques secrets d’URSS.
3 ) Extraits vidéos
Cet instrument a été tout d’abord utilisé pour jouer le répertoire classique, puis très rapidement des artistes se sont mis à composer spécifiquement pour le thérémine : en instrument soliste ou dans un orchestre, le thérémine a trouvé sa place dans le paysage musical. Voici quelques vidéos choisies pour découvrir le paysage sonore du thérémine.
Ecoutez la tendresse du thérémine… Que c’est agréable de s’endormir avec cette berceuse où le thérémine explore aussi bien le registre grave que le registre aigu. On a parfois l’impression d’une voix qui chante… tantôt une voix de femme, tantôt une voix d’homme…
Clara Rockmore plays Tchaikovsky « Berceuse »
Un voyage sonore doux, orchestré et savoureux, sur une musique d’Ennio Morricone :
KATICA ILLÉNYI – Once Upon a Time in the West – Theremin
4 ) Les spécificités du thérémine pour le bien-être
a ) Sur le plan fréquentiel
Cet instrument navigue dans une palette de fréquences qui possèdent leurs propres vertus et agissent sur les organismes qui l’entourent. Son timbre particulier serait utilisé selon certain, pour chasser les fantômes. Le coté glissando du thérémine donne en effet un sentiment d’apesanteur. Le timbre de cet instrument rappelle aussi les musiques de film de fantômes à la Tim Burton.
b ) Les sons glissés du thérémine : les glissandi
Le son du thérémine est doux, il glisse d’une note à l’autre, le son se module comme si l’on sculptait une bulle de savon. Dans tous les autres instruments, il y a au moment du contact avec l’instrument et en fonction de la façon de jouer les notes, ce que l’on appelle l’attaque. A ce moment se produit un frottement ou une percussion. Cela se ressent moins dans le cas des instruments à vent car le mouvement de l’air est peu perceptible sauf quand il produit le son de l’instrument. Dans le cas du thérémine, on retrouve cette douceur des instruments à vent qui semblent glisser sans friction avec la matière.
En plus du glissando fréquentiel, un autre aspect particulier du thérémine est le glissando très fluide des décibels : à l’image du bandonéon, les fluctuations du volume sont aisés et intenses, soutenant et contenant l’énergie.
c) Jouer avec l’invisible
Le rapport du musicien avec son instrument est organique, on appelle cela faire corps avec l’instrument. Or dans le cas du thérémine, l’artiste qui en joue n’a aucun contact physique avec lui. Il est en contact avec l’esprit de l’instrument, le subtil de l’instrument, le champ électromagnétique de l’appareil. Il agit sur le son et le module par ses mouvements. La vision des mouvements d’un joueur de thérémine est très poétique. Le joueur est statique et détendu, puis il bouge ses mains avec une infinie précision, comme si il jouait sur des cordes invisibles. Cette action dans l’invisible nous rappelle que nous aussi, nous possédons un champs énergétique, qu’une partie de notre corps est invisible, que cette partie émane de nous et agit en interaction avec l’environnement.
d) Une scie musicale « électronique »
Le son de cet instrument, par sa suavité, sa délicatesse et sa subtilité évoque la scie musicale. Cette manière de jouer « sans contact » est une danse qui invite à la douceur. Le son est nuancé et presque constant, il enveloppe l’auditeur dans un écrin de fréquences et de vibrations subtiles.
Je vous souhaite de bonnes méditations sonores avec le thérémine.
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Très belle démonstration. La sonorité rappelle la scie musicale et surtout les ondes Martenot qui datent de la même époque car présenté en public en 1928. Le morceau le plus connu est « Tempo di suspense », le générique de l’émission radiophonique « Les maîtres du mystère » qui a bercé mon enfance tous les mardis soirs à la radio car à cette époque, il n’y avait pas encore de télévision. Musique composée par André Popp, musicien inconnu mais qui a laissé une oeuvre que tout le monde connait : « Piccolo, Saxo et compagnie » ! L’inconvénient des ondes Martenot, par rapport au thérémine c’est son ‘encombrement, sa rareté et son prix !
Bonjour Georges, merci. Oui, je pourrais faire un article sur les ondes Martenot qui est un instrument de musique insolite également et passionnant. Il offre aussi vibrato, glissando, imaginaire, envolée… Mais comme tu le dis, le prix et l’encombrement est plus élevé. Et je suis charmé par le thérémine divinement joué.
Le trautonium est aussi fort intéressant, sur le plan du son, des glissandi… Un autre ancêtre vibratoire des synthétiseurs. Je t’invite à l’écouter 🙂
Que de belles explorations sonores nous offrent tous ces instruments de musique étonnant !!!!
Bonjour,
Merci Anthony pour ce nouveau et beau voyage musical.
Pour ma part je trouve l’invention de cet instrument qu’est le thérémine, très ingénieuse alors que l’on est encore au début de l’ère de l’électronique en 1920. J’ai éprouvé une grande sensation de relaxation en écoutant les morceaux de musique présentés dans les deux vidéos. Je me demande quel est le degré de concentration qu’il demande au musicien (ou à la musicienne !) et en fait je suppose qu’il doit y avoir une composante méditative. Oui, à moi aussi, cela fait penser à la scie musicale.
Musicalement.
Jean-Yves
Bonjour,
Pour la curiosité, j’ai trouvé les plans de montage d’un thérémine simplifié. Cela ne semble pas très compliqué à fabriquer.
https://www.astuces-pratiques.fr/electronique/theremine-schema-simple-et-fabrication
Dans ce montage, je n’ai pas vu de modulation d’amplitude. Je vais alors chercher aussi un montage plus complet.
Amicalement.
Jean-Yves.